À l’occasion du centenaire de la disparition de Guillaume Apollinaire, Carole Aurouet appréhende un aspect peu exploré de son œuvre : le cinéma. En effet, sa relation avec ce dernier est dense et passionnante. Très tôt, fasciné par les possibilités extraordinaires de ce nouveau moyen d’expression – en contraste absolu avec l’hostilité moralisatrice manifestée par nombre d’intellectuels de l’époque – Apollinaire se rend dans les salles obscures, publie des textes sur le cinéma et l’insère dans ses créations littéraires. Puis il finit par passer à l’acte en écrivant à son tour pour le cinéma.
En 1917, il compose un premier scénario avec André Billy, La Bréhatine. Cinéma-drame : l’histoire d’un amour malheureux déclinée de façon beaucoup moins stéréotypée que ce que l’on pourrait penser au vu de ce thème traditionnel. Un second scénario inventé par Apollinaire dans un petit cahier et inspiré d’une oeuvre de Jules Verne, est resté inachevé : C’est un oiseau qui vient de France, une histoire sous-tendue par une germanophobie diffuse qui s’insère dans le contexte historique de la Première Guerre mondiale.
Précieusement conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, ces documents extraordinaires sont pour la première fois reproduits en fac-similés et nous offrent tous les détails du travail d’Apollinaire – mots raturés, soulignés, suppressions, ajouts.
Ces deux scénarios inédits sont accompagnés de leur transcription, fidèle jusque dans la mise en page. Au début de l’ouvrage, la présentation de Carole Aurouet les replace dans leur contexte historique et culturel, faisant ainsi émerger leur rôle de témoignages éclairants : non seulement de l’œuvre individuelle du poète, mais plus généralement d’un élan avant-gardiste destiné à moderniser l’art et la culture du vingtième siècle.
L’ouvrage paraît simultanément en italien: Il Cinema di Guillaume Apollinaire. Manoscritti inediti del primo poeta del cinema, par Carole Aurouet, Editions Gremese.