Dès 1900, les spectateurs décrivent les effets de scintillement des premières projections cinématographiques en termes d'”images dansantes”. Dès lors, l’idée que les films peuvent non seulement enregistrer la danse, mais aussi produire des effets de danse (par exemple à travers le mouvement de caméra ou le montage) s’est établie en motif récurrent de la théorie du cinéma. Ce livre étudie l'”image dansante” comme un ensemble de discours cutlturels et de pratiques représentatives de l’enchevêtrement intermédial entre le cinéma des premiers temps et la danse moderne du début du XXe siècle.
Alliant une perspective phénoménologique à des approches récentes en historiographie du cinéma et en archéologie des média, Kristina Köhler examine les conditions esthétiques, sociales et culturelles qui, autour de 1900, ont permis aux films d’être perçus et décrits comme “dansants”. En neuf chapitres, l’ouvrage explore des aspects inexplorés de la culture du mouvement et du corps qui s’étend non seulement au cinéma, à la danse et à l’esthétique, mais aussi à la culture du bal populaire, la science et la pédagogie.
Le corpus va des films de danse et films à trucs des premiers temps aux films scientifiques dédiés à l’étude du mouvement, la santé ou la culture (Kulturfilme), et des comédies et mélodrames des années 1910 aux films dits “absolus” des années 1920 et 1930. Cet ouvrage considère également comment des danseurs, chorégraphes et théoriciens modernes tels qu’Isadora Duncan, Rudolf von Laban et Mary Wigman ont répondu à l’émergence du cinéma.