Dans les films du premier cinéma comique, les actrices exhibent les tensions entre rire de joie et violence de genre. Les films comiques reposent souvent sur l’exagération de fausses blessures. Mais contrairement aux acteurs comiques masculins, ces actrices usent des bouffonneries de slapstick comme des formes de protestation féministe. Elles s’enflamment spontanément en faisant le ménage, disparaissent et réapparaissent pendant un assaut sexuel, se transforment en hommes en mangeant des graines magiques: autant de métamorphoses absurdes qui évoquent l’embarras réel de l’identité féminine dans un monde moderne en changement.
Cette étude révèle la politique de genre de la comédie et le potentiel comique du féminisme via la considération scrupuleuse d’une centaine de films muets. Ainsi que l’argumente Maggie Hennefeld, les “actrices catastrophes” offrent des images perturbantes mais suggestives pour approcher les bouleversements sociaux de genre au début du XXe siècle. De plus, les actrices comiques jouent un rôle crucial dans l’émergence du langage filmique. La physicalité flexible des femmes offrent aux cinématographistes une page blanche pour expérimenter le potentiel visuel et social du cinéma. Cet ouvrage renouvelle les fondements de nos idées sur le slapstick et l’histoire du cinéma, prouvant que ce genre “inflammable” a fait “exploser” le débat ancestral sur le rire, la société et la politique de genre.