Fin du XIXe siècle, l’entreprise de Charles Pathé est à ses débuts. Mais avec l’explosion technologique et la conquête européenne du monde, la Compagnie générale des cinématographes, phonographes et pellicules – connue sous le nom de Pathé frères en Extrême-Orient – va devenir la première multinationale française. Il y a une soif d’images de l’Orient le plus lointain en Occident, mais le cinématographe rencontre un succès immédiat aussi auprès des populations de la péninsule indienne, de l’Indochine, de Singapour, de la Chine, du Japon, de l’Indonésie et de l’Australie. Deux destins se scellent en 1895, celui d’un industriel d’exception et celui d’un mécanicien-aventurier : Camille Legrand. Il est le premier opérateur partant à la chasse aux images « pittoresques » dans cette zone géographique pour le compte de Pathé frères entre 1905 à 1920. En Inde, il met en scène des films réalisés pour la société Madan Theatres de Calcutta avec une très grande vedette indo-iraquienne, Patience Cooper.
Au gré des voyages caméra au poing, on croise les grands événements de l’époque : les couronnements d’Edouard VII et de George V à Delhi, le transfert de la capitale de Calcutta à Delhi, la naissance du mouvement nationaliste indien, la construction du premier empire cinématographique en Inde, la Grande Guerre, la propagande française en Extrême-Orient, la création d’une nébuleuse de succursales et d’agences Pathé d’Extrême-Orient (Calcutta, Singapour, Melbourne, Sydney, Batavia, Saïgon, Shanghai, Bombay), la création de la première fiction bengalie et d’autres événements historiques et cinématographiques.
L’ouvrage, issu d’un riche travail d’archives, se lit pourtant comme un roman d’aventure et redonne vie à un de ces pionniers du 7e art qui ont contribué à faire de Pathé pendant la première décennie du XXe siècle la société de cinéma la plus importante au monde.
Introduction : Stéphanie Salmon
Préface : Priska Morrissey